« Amelia n’oublie pas, tu rentres tôt ! Demain matin la messe est à neuf heures ». L’adolescente soupira. Pourquoi est-ce qu’il fallait que sa mère prenne systématiquement un malin plaisir à lui pourrir la vie ? La messe, c’était le cadet de ses soucis, du haut de ses seize ans, elle n’en avait absolument rien à faire. Évidemment, tout ce qu’elle voulait elle, c’était s’amuser et profiter de sa jeunesse. Elle ne voulait pas finir comme sa mère, comme la plupart des habitants du village. Mariée, avoir une famille, finir femme au foyer et n’avoir connu dans sa vie que son époux qui la trompera avec la première jeunette, n’avoir comme distraction que la messe et les commérages inutiles ? Non, ce n’était pas la vie qu’Amelia voulait. Elle ne voulait même pas finir dans cette campagne du Wisconsin, ce trou paumé que personne ne connaissait où elle ne pourrait jamais avoir l’avenir dont elle rêvait. New-York, Las Vegas, Los Angeles, Chicago ? Qu’importe, mais pas ici. Un jour, elle s’enfuira, c’est sûr. Seulement pour l’heure, elle est coincée à Johnson Creek, comme beaucoup d’autres d’ailleurs.

Johnson Creek, c’est une petite ville comme beaucoup d’autres. C’est une jolie petite bourgade, assez accueillante à première vue mais dont la population est vieillissante. Les jeunes s’enfuient de la ville dés qu’ils peuvent, laissant le reste de leur famille à leurs commérages et à leurs habitudes de fervents conservateurs. Mais Johnson Creek peut aussi être un lieu magnifique de rencontre et d’histoires formidables, d’amour et de bonheur, de haine et d’amitié, qu’importe la ville, l’important c’est de vivre et votre vie, vous la ferez à Johnson Creek, là où les générations commencent à entrer dans de perpétuels conflits.