Une journée comme une autre dans la petite ville de Johnson Creek, ni plus motivante qu’une autre et dieu merci, ni moins motivante qu’une autre. Cayden était bien loin de la grande Houston, loin de toute grande ville avec une avancée scientifique dont il pourrait être fier, à Johnson Creek, le seul projet scientifique qui pourrait être intéressant serait celui qui rendrait la bouse de vache un peu moins puante, projet auquel il pourrait presque se consacré si seulement il avait eu envie de travailler avec de la bouse de vache. Bref, il avait quitté Houston et son poste digne du gars qui a une culture assez impressionnante et un doctorat de physique qu’il avait eu plutôt jeune grâce a toutes les classes qu’il avait sauté étant jeune. Il s’était souvent cru plus nul que les autres, parce qu’il avait quasiment toujours des vingt en physique, en chimie, en biologie, en géologie, en maths, en philosophie bref, en tout ce qui n’était pas du sport. Pourtant, il avait longtemps eu l’impression d’avoir bien mieux réussis sa vie que bien des gens qui avaient fréquenté le même lycée que lui, pas parce qu’il avait un bon boulot, un salaire assez conséquent, mais simplement parce qu’il avait su ignorer les critiques et suivre ses envies pour réaliser ses rêves. Enfin, maintenant, tout ça lui semblait bien loin alors qu’il ouvrait les yeux de bon matin dans la chambre dans laquelle il avait grandit, celle de la vieille ferme de ses parents dans la toute petite ville du Wisconsin qui n’avait pas beaucoup changé depuis qu’il était parti, il y a de ça bien six longues années. Il avait beau parfois regretter d’être dans cette ville, il ne pouvait pas se résoudre à laisser tomber sa sœur pour repartir à Houston, elle, elle prétendait ne pas avoir besoin d’elle, lui, il pensait tout le contraire et il était hors de question qu’il l’abandonne, alors il resterait à Johnson Creek à enseigner la physique et la chimie à des lycéens qui n’avaient pas l’air d’y comprendre grand-chose et qui étaient carrément chiants, et ce jusqu’à ce qu’il soit sûr que sa sœur soit vraiment en bonne santé. Peut-être qu’il finirait par vraiment se plaire à Johnson Creek, après tout, ce n’était pas non plus le lieu le plus horrible du monde, il semblait juste un peu coupé du reste de la civilisation. Après une flopée de soupires, le jeune homme décida enfin qu’il était temps pour lui de quitter son lit pour aller affronter le monde extérieur et surtout pour s’apercevoir que pour la énième journée consécutive, la météo était moche. C’était toujours pareil à Johnson Creek, le temps était pitoyable et ce depuis longtemps, déjà quand il était gosse, Cayden avait remarqué à quel point le temps était nul, après il était allé à Houston, dans un Texas où il faisait bien plus chaud et maintenant rebelote pour le mauvais temps de la campagne. Après un effort monumentale, il réussi à se lever, à aller prendre sa douche et même à s’habiller ! Il était presque près pour une nouvelle journée à Johnson Creek, il ne lui manquait plus que le café avant de pouvoir aller bosser, heureusement, il n’avait pas cours avant onze heure. Depuis qu’il était revenu à Johnson Creek, il avait l’habitude de se rendre au Barney’s pour son ou ses cafés quotidiens tout simplement parce que lui, autant il était capable de calculer la vitesse de rotation d’un satellite autour de son étoile, mais il avait vraiment du mal à se servir de la cafetière sans obtenir un café ayant un gout particulièrement affreux, pourtant il avait l’impression de faire les choses correctement, peut être que le jour où on lui dira de mettre précisément tant de grammes de café et tant de millilitres d’eau il y arrivera. Jusqu’à ce jour, il se rendrait quotidiennement au café dès que sa sœur ne se serait pas occupée de faire du café et comme ce matin, la cafetière était vide, il n’avait pas d’autre choix que de se rendre jusqu’au Barney’s.

Il s’était donc rendu jusqu’au café, à pieds parce que ce n’était certainement pas la peine de saturer l’atmosphère en dioxyde de carbone pour se rendre d’un point A à un point B dans la ville parce que même en prenant les deux points les plus éloignés de la ville, on ne se retrouve pas avec des kilomètres à parcourir. Bref, il était arrivé jusqu’au café, mais bizarrement, il resta devant la porte quelques longues minutes. Ce café, n’était qu’un café comme un autre dans lequel il était déjà venu maintes fois, mais aujourd’hui c’était différent, arrivé devant la porte il avait ressenti le stresse monter en lui. Oui, ce n’était qu’un café, rien de très angoissant en apparence, mais dans ce café, il y avait Skye, une jeune serveuse, plutôt mignonne, si ce n’est carrément charmante, une femme très attirante qui devait sans doute pouvoir avoir n’importe quel homme, d’ailleurs, c’était sans doute le genre de nana à sortir avec le mec baraqué et sexy qui serait là pour la protéger des hommes un peu cons qui viendrait l’emmerder le soir après le boulot. Cayden n’était pas du tout ce genre de type et quoi qu’il ait pu penser de Skye jusqu’à présent, il savait que pour elle, comme pour beaucoup d’autres femmes, se ce n’est toutes les autres femmes, il n’était qu’un espèce d’énergumène qui n’a pas d’autres moyens d’entamer une conversation qu’en indiquant que le sucre était une molécule portant le nom de saccharose de formule C12H22O11 et de masse molaire environ 342,2965 grammes par mol ! Bravo, parfait pour passer pour en un grand malade ! Personne ne s’intéressait au détail de ce qui composait le sucre, l’important étant juste de le foutre dans son café pour le rendre un peu moins corsé ! À croire que Cayden n’avait pas d’autres sujet de conversation que des baratins scientifiques quoi qu’il était aussi capable de parler littérature et philosophie, auxquels le commun de l’humanité ne comprenait rien ou du moins n’essayait pas de comprendre parce que la vie semblait plus simple quand on en ignorait les mécanismes et les compositions. Bref, oui, il avait raconté la vie du saccharose à Skye, il avait eu l’air d’un abrutit fini mais il avait presque l’habitude. Et puis l’autre soir, comme pour enfoncer le clou, il avait voulu lui venir en aide alors qu’elle se faisait emmerder par des abrutis, au final, il s’était pris plusieurs coups dans la gueule et c’était Skye qui l’avait aidé. La honte. Il était définitivement un abruti. Il l’avait quand même raccompagnée chez elle, et elle l’avait embrassé. Grand choc pour le jeune homme qui n’avait pas du tout l’habitude de ce genre de situation, au final ils étaient rentrés tous les deux de leur côté et les quelques peu nombreux jours suivants, la sœur de Cayden avait refait du café. Il n’était pas sûr d’être moralement prêt à affronter Skye après ce qui s’était passé et il préférait lui parler de la composition d’une étoile et des réactions de fusion nucléaires dont elle était capable plutôt que de cette histoire de baiser, il était plus à l’aise avec les étoiles qu’avec les baisers, comme, de manière générale il aboutissait plus facilement à des résultats prometteurs avec les étoiles qu’avec les femmes. Pauvre homme. Après avoir passé un bon quart d’heure à la porte comme le dernier des demeuré, il pris enfin son courage à deux mains, ou du moins, il se rendit compte d’à quel point il avait l’air con, du coup, pour remédier à ça il entra enfin dans le café. « Salut Cayden ». Qui parles ? Stresse intense et finalement non, pas de jolie rouquine, simplement Sarah, une des serveuse du café qui accueillait tous les clients en les saluant de leur prénom et avec un grand sourire amical, à croire qu’elle connaissait tous le monde, ce qui n’était pas inhabituel à Johnson Creek, en tout cas, quand il y avait des nouveaux, rares nouveaux, elle devait se sentir complètement déstabilisée cette pauvre femme. « Bonjour Sarah ! » « Tu prendras comme d’habitude ? » « Euh, ouais … ». Cayden n’était pas franchement concentré là, il observait un peu partout à la recherche d’une longue chevelure flamboyante qu’on ne pourrait certainement pas louper. Finalement, elle ne semblait pas être là, il était donc presque soulagé en allant s’assoir devant le comptoir ou la fameuse Sarah lui apporta son café. Il la remercia, lui fit un sourire, la paya et la laissa vaquer à aller saluer un autre client de son beau sourire. Il avait porté sa tasse jusqu’à ses lèvres, quand il vit une crinière rousse derrière le comptoir et train de ramper. Vision des plus surprenante qui d’ailleurs lui fit lâcher sa tasse qui vint s’exploser contre le comptoir giclant ainsi un peu partout et notamment sur sa chemise blanche et qui en plus était très chaud. La honte, encore. « Han merde ! ». Finalement, Skye et Cayden avait peut-être quelque chose en commun, elle, elle rampait à quatre pattes comme une tarée sortie tout droit de l’asile et lui, il passait très souvent pour un gros débile doublé d’un manchot, quel duo formidable !