There's never a right time to say goodbye.

« Non! Ne t'en vas pas, je t'en supplie, reste avec moi! » ai-je crié de toute mes forces. Les larmes noyaient mes joues, j'avais l'impression que mon coeur allait sortir par mes yeux tant je pleurais. Cette image remplie d'horreur, d'extrême tristesse me hantera, elle me poursuivra jusqu'à la fin de ma vie et bien plus encore. « Tu n'as pas le droit de me quitter de cette façon, reste avec moi, je t'en conjure! Ne me laisse pas tomber, je te l'interdit! » Ma voix se brisait sous mes mots, chacun des sons que je prononçais n'était qu'inutilité. J'ai serré sa main dans la mienne, je ne voulais plus la lacher. Son regard me perçait le coeur, cet organe si répugnant, sorte de pompe qui nous fait encore tenir en vie. J'aurais voulu mourir à cet instant même. Puis là, ses yeux se sont refermés... « MAMAN! NOOON! » En me penchant sur ce lit d'hôpital, j'ai pu remarqué que mes pleurs trempaient les draps blanc. Ma vision devenait de plus en plus floue, et ma tête se mit à tourner. Et je ne me souviens plus de rien... Est-ce que j'étais morte, moi aussi? Mon âme avait-elle quitté mon corps, elle-aussi? Je l'espérais. De tout mon coeur et de toute mon âme, j'espérais pouvoir quitter ce monde si vaste et qui me semblait pourtant si hostile, si injuste. Dieu, que j'idôlatrais tant, venait de m'enlever la personne la plus chère à ma vie, mon ange le plus précieux. Dieu l'avait emmenée à ses côtés, là-haut, au Paradis, et il me laissait errer seule dans cette chambre d'hôpital, cette pièce devenue, d'une seconde à l'autre, si vide. Car il avait fallu d'une seconde pour que le corps de ma mère se refroidit, une seule seconde qui allait pourtant changer le restant de ma vie. Pour l'instant, allongée sur le sol, je n'étais plus consciente. Et j'aurais aimé que ce moment dure toujours. Ma vie venait de s'effondrer, plus jamais je ne verrais les choses de la même manière. Et ce connard de père, qui n'était même pas auprès de nous! Non, bien sûr, reste en Russie, cher papa, vas-y, restes-y et fous-nous la paix, tu veux? Maman et moi, on a pas besoin de toi. On a plus besoin de toi à présent.

Tout oublier pour tout recommencer, c'est ce qu'on dit mais pas toujours ce qu'on fait.

« MAIS MERDE ALORS! T'étais où? Hein? Dis-moi où tu étais, père indigne! Tu te rends compte que tu ne reverras plus jamais son visage? Que plus jamais tu n'entendras sa si jolie voix? Mais bordel, est-ce que tu sais où elle s'en est en aller, maintenant? Est-ce que c'est moi ou est-ce que j'ai l'impression que t'en as royalement rien à foutre de tout ce que je te raconte, et que toi et ton coeur de pierre, vous allez bien malgré tout? Moi qui pensais que j'allais pouvoir compter sur un père! Mais non, je me suis trompée. Tu me tues, tu t'en rends même pas compte. Aujourd'hui, t'es la seule personne sur qui je peux compter et regarde ce que tu me fais! J'y crois pas. Je m'en vais, t'as tout gagné! » En pleurant, j'hurlais de toutes mes forces de sorte à ce que chacun de mes mots pénètre en lui, que chaque syllabe se verse dans son âme, de sorte que toutes ces questions l'imprègnent comme une liqueur tombée goutte à goutte, et de façon à ce qu'il puisse me répondre comme je l'attendais. Excuse-moi pour tout, ma fille. Toi et moi, on va tout recommencer à zéro, je te le promets, et maman sera toujours parmi nous, on vivra heureux tous les trois... Et même s'il m'avouait tout cela, j'aurais bien du mal à le croire. J'ai tourné les talons, mais il attrapa alors ma main et me serra dans ses bras. Jamais il ne m'avait montré un tel signe d'affection, jamais j'avais pu sentir ses bras autour de mes épaules depuis mes 5 ans... J'en pleurais deux fois plus. « Non, laisse-moi, laisse-moi m'en aller! Je ne peux plus supporter tout cela ». Puis je me suis éloignée de lui, sans me retourner. C'était la dernière fois qu'il eut pu voir mon visage.

Alors toi aussi, tu m'abondonnes? Merci, ma vie ne vaut plus la peine d'être vécue.

« Je t'aime, mon amour » « Je t'aime moi aussi, Imogen ». L'amour, c'est si beau, c'est si doux. Mais qui aurait pu croire que tout s'effondrerait en une soirée? Pas moi, en tout cas. Noah et moi, nous étions deux amoureux, fous l'un de l'autre. Mais peut-être que oui, peut-être que j'étais plus amoureuse de lui qu'il ne l'était de moi. Notre amour, c'était du granit, je n'aurais jamais pensé que c'était si beau. Ces papillons dans le ventre au contact de ses lèvres contre les miennes, ces frissons ressentis à chacun de ses gestes. Il m'avait redonné espoir, l'espoir d'une vie meilleure, l'espoir d'un nouveau départ. Sauf que trop d'espoir tue l'espoir... J'y avais rêvé, de cet amour si parfait, et je l'avais aussi attendu, cet homme si parfait. Sauf qu'il ne l'était pas tant que cela... « Va te faire foutre, sale enfoiré! J'ai cru en toi, et tout ce que tu fais c'est t'envoyer en l'air avec cette sal*pe. Crève, mais ne reviens plus » Oui, le pire venait de se produire. Je vous laisse deviner. Dire qu'il avait osé revenir frapper à ma porte. « Pardonne-moi, mon amour, je ne voulais pas... » « TU NE VOULAIS PAS QUOI? HEIN? Comment tu réagirais si je venais à baiser le premier salaud du coin? Ne m'appelle plus, oublie-moi. Laisse-moi tranquille et sois heureux » Et j'ai claqué la porte à son nez. Plus jamais je n'ai entendu parlé de lui.

I'm so high, I can't even see the ground.

Oui, je me drogue. Un problème? Est-ce que ce serait le seul problème de ma vie? Non. Une fois que vous êtes passez par tout ce que moi je suis passée, vous en avez plus rien à faire de la vie, vous souhaiterez même la mort. La drogue, mon seul remède anti-douleur, mon seul ami... Oui, j'ai plongé et pour rien au monde j'aimerais revenir à la surface. Défoncée, la vie paraît tellement plus belle. Je suis accro : je me shoot, je me pique... Tout ce qui est possible et imaginable. Mais je me sens bien. Combien de fois a-t-on essayé de me faire désintoxiquer, de me sevrer. « Imogen, tu ne peux pas rester dans cet état. Regarde-toi, tu n'es plus toi-même! » « Non, mais j'aime la personne que je suis aujourd'hui. Laissez-moi faire ma vie, merde, arrêtez de vous mêler à chaque fois de mes affaires » Et ils finissaient toujours par abondonnez. « Je ne te dis plus rien, c'est ton problème, plus le mien » Mais n'allez pas croire que parce que je me drogue, je suis qu'une irresponsable. J'ai un métier : je suis photographe. La photographie, c'est ma passion. Bien que je vive chez mes grands-parents ici à Johnson Creek, je m'y sens bien. C'est tellement plus calme, tellement plus reposant que cette ville dont je ne supportais plus le bruit sourd des cris dans les rues, ces voitures si polluantes... Ma vie aujourd'hui, c'est ici, à Johnson Creek. Et j'y renoncerais pas...